CAMBODGE : Banteay Chhmar

Monique

11 août 2020

Une vidéo sur notre séjour vous attend en fin d'article.

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Visages et regards

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Les rencontres les plus émouvantes passent par un regard, un sourire...

Le site du temple de Banteay Chhmar entouré de douves

25 janvier 2020 :

Nous quittons Siem Reap à 8 h en direction de Sisophon, à 2 h de route et à une cinquantaine de kilomètres de la frontière thaïlandaise. M. Ponlok, du Banteay Chhmar Community Based Tourism (BCT) devait venir nous chercher à la station de bus. Nous attendons pendant une heure et après 2 ou 3 coups de fil, c'est finalement un autre chauffeur qui arrive. A la sortie de la ville, il s'arrête et essaie pendant une demi heure de trouver d'autres passagers. En vain !

Arrivés à Banteay Chhmar, nous sommes reçus au bureau du BCT où nous prenons notre repas. Puis le responsable nous guide jusqu'au Nil Loeun homestay où nous logerons pendant 3 jours. Toute la famille est là pour nous accueillir gentiment. Je leur montre des photos de nous avec nos enfants et petits-enfants. Nous sommes dans le village de Tbong, au sud du temple de Banteay Chhmar, à environ 500 mètres des douves du temple.

Siev Sem & Nil Loeun: propriétaire d'une famille d'accueil

Née en 1948, Nil Loeun est arrivée à Banteay Chhmar en 1975 dans le cadre du projet du régime de Pol Pot de relocaliser les gens dans leur village de naissance, dans la perspective que cela rende les travailleurs moins distraits et plus productifs. Loeun avait initialement été informée qu'elle fabriquerait des moustiquaires et des écharpes pour la population locale. Mais, en deux ans, comme tant d'autres à l'époque, elle travaillait dans les rizières pour produire de la nourriture pour une population de plus en plus affamée. À la fin des années 1990, elle a épousé Siev Sem et ils ont trois garçons. Ils ont également eu une fille, malheureusement décédée. Elle dit : «Quand nous avons appris pour la première fois que GHF allait restaurer le temple, nous craignions que les villageois ne soient obligés de partir, comme par le passé. Maintenant, nous sommes heureux que GHF restaure le temple et prenne soin des habitants de Banteay Chhmar.»

extrait du site : https://www.visitbanteaychhmar.org

Accueil simple mais chaleureux. Les 2 fils aînés étaient là, ainsi que le troisième avec sa femme et leur petite Nari.

Accueil simple mais chaleureux. Les 2 fils aînés étaient là, ainsi que le troisième avec sa femme et leur petite Nari.

Notre chambre à l'étage dans leur maison familiale (7 $ la nuit, 5 $ pour la famille, 2 $ pour la communauté)

Notre chambre à l'étage dans leur maison familiale (7 $ la nuit, 5 $ pour la famille, 2 $ pour la communauté)

Le rituel de la sieste est conseillé (imposé ?) par Sem, le père qui nous installe deux hamacs avec un coussin pour la tête et un ventilateur. Il est très prévenant, merci à lui...

Un peu plus tard, Loeun, la mère s'installe à la machine à coudre pour confectionner des jupes. Su Yong, la petite fille de 6 ans, joue avec moi. Son petit frère, Visit, est plus craintif pour l'instant.

Nous parcourons le village à pied ; un couple de fermier décharge une remorque de manioc sur des bâches avant de le couper pour le faire sécher.

Une dame nous indique la direction des ruines d'un ancien temple entouré d'eau et d'arbres. Il reste de beaux linteaux parmi le chaos. Partout, les pierres s'amoncellent.

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Notre première nuit a été ponctuée par les aboiements des chiens, le chant des coqs, quelques pleurs de Visit et nous avons eu très chaud malgré les fenêtres ouvertes.

Les deux nuits suivantes, nous utiliserons le ventilateur et nous dormirons bien mieux.

Délicate attention : Sa Vat, la belle-fille et maman des enfants m'a donné une "little toilet" pour la nuit, vraiment petite... Je ne l'utiliserai pas.

26 janvier 2020 :

Saithy nous propose de nous amener voir un champ de manioc. Nous acceptons avec grand plaisir et embarquons dans la remorque tractée par une sorte de motoculteur à longs bras. Leurs propres champs sont trop loin. Quand il va y travailler, il y reste plusieurs jours, mangeant et dormant sur place. Nous nous rendons donc dans le champ d'un voisin.

Visit et Su Yong sont de la partie. Ils n'auraient manqué ça pour rien au monde... Le chemin de terre est raviné et Saithy peine à maintenir l'attelage dans sa trajectoire. Nous sommes ballotés dans tous les sens mais les petits se cramponnent bien. Après une dizaine de minutes, nous arrivons dans une parcelle où un vieil homme arrache les plants à la main. Il coupe d'abord les tiges qu'il range en fagots pour en faire de nouveaux plants. Puis il arrache les tubercules avec une houe et achève de les extraire à la main, en tirant très fort car la terre est très sèche. (voir la vidéo ci-dessous)

C'est parti pour le champ de manioc ou cassava !

C'est parti pour le champ de manioc ou cassava !

En chemin, nous sommes étonnés de voir à chaque entrée de maison, un bonhomme de paille armé. Sat nous explique que lors d'un décès, cette cérémonie a lieu pour protéger le village des mauvais esprits. Nous verrons ensuite chaque famille déployer des fils de coton blanc autour des maisons, la nôtre aussi bien sûr.

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Après le lunch, des légumes cuisinés par Savat et du poisson cuit au barbecue par Sat, suivi d'une sieste dans les hamacs bien sûr, nous déambulons à nouveau dans le village à la rencontre de ses habitants. De gros fruits dans un arbre nous intriguent, ce sont des agrumes.

Le BCT propose de prendre nos repas dans leur espace restaurant ( 4 $ ). Les cuisinières sont des femmes des villages environnants. Elles sont capables de cuisiner des plats traditionnels khmers et occidentaux et ont reçu une formation en hospitalité et en hygiène alimentaire. Nous y avons pris nos petits déjeuners et le lunch et diner du jour de notre arrivée.

Par la suite nous avons demandé à Savat si nous pouvions manger avec eux et elle a été ravie de nous proposer sa délicieuse cuisine traditionnelle. Un vrai régal !

A ce propos, voici quelques posters affichés au BCT représentant les principaux fruits et légumes avec leur nom en Khmer et en anglais.

27 janvier 2020 :

Après le petit déjeuner, nous louons deux vélos au BCT et partons à l'assaut du temple.

Banteay Chhmar est l' un des trésors nationaux du Cambodge. Datant de la période angkorienne, il est un lien précieux et irremplaçable pour le patrimoine culturel du peuple khmer. Il existe d' innombrables images bouddhistes et surprenants bas-reliefs de la vie angkorienne.
Le gouvernement cambodgien, les autorités locales, les villageois et des partenaires tels que le Fonds mondial du patrimoine et Heritage Watch consacrent leur temps et leurs efforts pour la conservation du temple et l'amélioration des moyens de subsistance de la communauté locale. Banteay Chhmar est sur la liste provisoire du Cambodge pour la présentation en tant que site du patrimoine mondial de l' UNESCO.

Le nom Banteay Chhmar voulait probablement dire « La petite citadelle » ou « forteresse » (un mot khmer peut - être, chhmarl ou chmarl signifiant petit, minuscule ou étroit ). À un certain moment, probablement dû à transformation par voie orale, le nom est devenu Chhmar (chat). Par conséquent, de nos jours, le temple est communément appelé la Citadelle du Chat. Il a été commandé à la fin du 12ème au début du 13ème siècle par le roi Jayavarman VII. Une inscription khmère trouvée sur le site (maintenant exposée au Musée national de Phnom Penh ) raconte comment le prince héritie,r Indravarman, a été protégé à deux reprises par quatre serviteurs royaux, qui ont tous perdu la vie dans sa défense. L'inscription énumère les noms de ces fonctionnaires et nous dit que leurs images respectives ont été placées dans les quatre coins du sanctuaire.

Le temple est similaire au style du temple Bayon, commandé aussi par Jayavarman VII. Il est l'un des deux seuls sites en dehors de Bayon ayant des tours aux visages énigmatiques.

Les murs de la galerie extérieure sont couverts de bas-reliefs de scènes militaires et domestiques similaires au temple Bayon. Une scène de combat naval illustre la lutte corps à corps des Khmers (représentés tête nue) contre les Chams (avec des coiffes). Certains se noient et on les voit au milieu des poissons et des crocodiles.

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Malheureusement, au cours des 800 dernières années, aucun effort de conservation n’a été fait sur le temple. Ce manque de conservation a conduit le temple à se désintégrer lentement, disparaissant sous une surcroissance des arbres et des plantes, favorisant la défaillance de la structure et le pillage. Heureusement, Global Heritage Fund est l'initiateur de la conservation et de la protection de Banteay Chhmar. Le projet de GHF est de conserver le site en grande partie en ruine, avec une intervention sélective sur les éléments endommagés tels que des tours et des bas-reliefs.

Nous avons beaucoup apprécié ce temple, méconnu mais si riche en histoire. Et puis, il faut ajouter que nous étions la plupart du temps seuls parmi les ruines, à escalader les pierres façon explorateur, une sensation excitante, découvrant de magnifiques linteaux, bas relief, apsaras...

Nous avons dû nous prêter, bien volontiers, à une séance photos avec deux moines et leur famille devant le mur d'enceinte.

Et sur le mur de la galerie ouest, Avalokiteshvara.

"Avalokiteshvara incarne l'une des deux principales qualités du bouddha, la Compassion qui par un pouvoir miraculeux qui lui permet de secourir ceux qui l'invoquent dans le danger. La croyance populaire lui accorde en outre un rôle de protecteur contre les catastrophes naturelles et de garant de la fécondité.

Selon une légende, le jour où Avalokiteshvara ouvrit les yeux sur les souffrances du monde, sa tête explosa sous la douleur. Et en réponse au souhait d'Avalokiteshvara d'aider toutes les créatures, il lui poussa mille bras. Avalokiteshvara vient en aide à ceux qui l'invoquent. Il se rend en enfer pour apporter des boissons fraîches à ceux qui endurent la chaleur des damnés, et il prêche la loi bouddhiste aux êtres incarnés en insectes et en vers. "

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Après le lunch et la sieste sacrée, nous reprenons nos vélos direction le pont qui traverse les douves couvertes de nénuphars. Une rangée de personnages soutenant le naga de chaque côté du passage nous guident vers l'entrée sud du temple.

Nous ne résistons pas à l'envie de revenir admirer le fascinant mur d'enceinte.

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Après avoir traversé toute l'enceinte du temple, nous prenons un petit passage près du bureau du BCT et parcourons le chemin de terre par lequel rentrent les troupeaux. La journée aux champs s'achèvent pour tous. Les écoliers rentrent chez eux à vélo, bien plus à l'aise que moi...

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Pour notre dernière soirée chez Loeun, Sa Vat a préparé un succulent dessert composé de petites boules de pommes de terre violettes et jaunes, de fruit du jacquier dans un sauce de manioc et noix de coco. Quel régal ! Nous avons tout fini !